Un jeune poète français a lu et relu les poèmes de Roberto Bolaño (1953- 2003/ poète- romancier chilien) poèmes publiés aux Éditions de l’Olivier en 2020 puis chez Points-Le Seuil en 2024.
De ses lectures, ce poète a noté certaines « fulgurances » dans les poèmes de Roberto Bolaño puis les a reliés entre elles au fur et à mesure de ses lectures.
Il en ressort un dialogue poétique que vous propose PoesiaRevelada.com, l’occasion de comprendre que plus qu’un romancier / nouvelliste Roberto Bolaño était avant tout un poète, un immense poète d’avant-garde empli d’une tension poétique surréaliste et singulière.
1/
Tes yeux sont le livre que je lis le plus
Dans mon rêve de nouveau je te prends la main
Tu ne me demandes rien
Tu sais que dans les territoires de mes chimères
je te retrouverai toujours
que je te donnerai dix baisers
Et puis …
Dix de plus
2/
Écrire des prières que tu murmureras
avant d’écrire des poèmes
que tu croiras n’avoir jamais écrits
Traquer la beauté absolue
celle qui contient toute la grandeur et la misère du monde
qui ne sont visibles que par celles et ceux qui aiment
3/
Mon visage dans cette chambre obscure était de voyage
Je dessinais sur les draps silencieux mon pôle Nord final
Je me construisais une nouvelle carte
J’avais perdu un pays
mais j’avais gagné un rêve
4/
Parfois le mystère tombe sur nos rêves
comme un oiseau dans le giron d’un enfant .
Nos souvenirs dégringolent par le trou de la nuit
Nous nous transformons en limiers
de notre propre mémoire
Nous en ramassons les miettes …
…Sans une plainte
Surgissent alors les vagues
du rêve le plus ancien
comme les partitions d’un rêve final
Nous sommes enfin sur le sentier confus
et magnétique …
…Des ânes et des poètes
5/
Apprends- moi à danser
à mouvoir mes mains
dans le coton
de tes nuages
Ton soleil de pêche
me fera Boléro
qui déambule
dans les collines
me fera Tango
qui regarde
les lumières du port
J’enfilerai la nuit
Ma danse sera un rêve
qui se reconnaît
dans l’aventure
6/
J’ai rêvé que je revenais
chez moi …Trop tard
J’ai rêvé que je devais
repartir sur les chemins
J’ai rêvé que mon cœur
pleurait sur ce chemin
des chiens de mon âme
Là où personne ne veut aller
Un chemin que seuls parcourent
les poètes quant il ne leur reste
plus rien ã faire
Mais moi j’avais encore
tant de choses à faire
jusqu’à ce qu’enfin
mon âme trouve mon cœur
7/
Tu as toujours voulu être
un gangster élégant
Marcher sur les éclairs
dans des rues aux maisons vides
Sans patience
ni impatience
tel un mendiant de marbre
assis tout à l’arrière
d’un bus de nuit
Tu as toujours voulu débrancher
les caméras encastrées
Te réfugier dans ta chienne de poche
dans tes gigantesques boîtes à chaussures
Devenir crabe blanc
sans mer ni sable
Tu as toujours voulu te perdre
dans l’Antarctique instantané du poème
dans les plis de son possible
Post très instructif avec quelques clés fournies par le jeune poète pour s'introduire dans l'univers mystérieux de l'éphémère Roberto Bolâno pris dans une frénésie de vivre l'instant présent pouvant s'interrompre brusquement à tout moment comme un Boris Vian par exemple.
Thierry Quintrie Lamothe